Leïla, Tarek et Saïd grandissent dans un village de l'est de l'Algérie, au début des années 1920. La première, mariée très jeune contre son gré, décide de se séparer et retourne chez ses parents, avec son fils, dans la réprobation générale. Tarek est un berger timide et discret. Saïd, lui, vient d'une famille plus aisée et poursuit des études à l'étranger. Tous deux sont secrètement amoureux de Leïla.
La Seconde Guerre mondiale envoie les hommes au front, ils se perdent de vue. Saïd devient un homme de lettres. Tarek, rentré au village, épouse Leïla et adopte l'enfant. Trois filles suivront. Bientôt il rejoint la lutte pour l'indépendance, puis participe au grand tournage de La Bataille d'Alger, avant de partir travailler dans une usine, en région parisienne. Par une suite de hasards inattendus, il se retrouve gardien d'une magnifique villa à Rome, temps suspendu dans une trajectoire tourmentée.
Leïla, elle, connaît la vie des femmes rurales de cette époque. Cantonnée dans l'éducation des enfants et les tâches ménagères, elle décide d'apprendre à lire et à écrire.
Mais la publication du premier roman de Saïd vient bouleverser la vie du couple. Tarek doit rentrer au plus vite.
À travers les destins croisés de trois personnages, Kaouther Adimi dresse une grande fresque de l'Algérie, sur un siècle ou presque, de la colonisation à la lutte pour l'indépendance, jusqu'à l'été 1992, au moment où le pays bascule dans la guerre civile.
Une famille, quelque part dans un quartier populaire d'Alger. L'auteure en offre une « coupe transversale », donnant parole à tour de rôle à chacun de ses membres, croisant ainsi les regards, les vécus individuels, les perceptions réfractées d'un quotidien fait de promiscuité, de désoeuvrement, de mal-vie... S'en dégagent la solitude tragique des êtres et leur souffrance, dans la révolte et le désespoir, parfaitement rendus par la structure même de l'oeuvre. Un premier roman sensible et percutant.
Prix de la Vocation 2011
En 1935, Edmond Charlot a vingt ans et rêve de créer une librairie-maison d'édition à Alger. Il imagine un espace dédié à la littérature, l'amitié et la Méditerranée. Albert Camus lui offre son premier texte, Jean Giono un nom : Les Vraies Richesses. En 2017, Ryad, étudiant parisien, est recruté pour fermer la librairie algéroise sous le regard vigilant d'Abdallah, le dernier gardien des lieux.
C'est un terrain vague, au milieu d'un lotissement de maisons pour l'essentiel réservées à des militaires. Au fil des ans, les enfants du quartier en ont fait leur fief. Ils y jouent au football, la tête pleine de leurs rêves de gloire. Nous sommes en 2016, à Dely Brahim, une petite commune de l'ouest d'Alger, dans la cité dite du 11-Décembre. La vie y est harmonieuse. Mais tout se dérègle quand deux généraux débarquent un matin, plans de construction à la main.
« Je suis partie, un soir, tard, pendant que les honnêtes gens dînaient. J'ai descendu l'escalier une dernière fois. Je n'emportais pas grand-chose. J'avais promis de revenir très vite. Je ne mentais pas ».
La narratrice vit à Paris, elle s'apprête à rentrer à Alger pour les fiançailles de sa soeur cadette. Alors que sa mère la malmène à chacun de ses coups de fil sur son célibat qui perdure à presque 30 ans, entrent en collision sa jeunesse algéroise et la vie qu'elle se construit dans la capitale.
In 1936, a young dreamer named Edmond Charlot opened a modest bookshop in Algiers. Fast-forward to 2017 and young Ryad arrives at Charlot's beloved bookshop. Once the heart of Algerian cultural life, where Camus launched his first book and the Free French printed propaganda during the war, it has been closed for decades, living on as a government lending library. Now it is to be shuttered forever. But as Ryad empties it of its books, he begins to understand that a bookshop can be much more than just a shop that sells books. A Bookshop in Algiers charts the changing fortunes of Charlot's bookshop through the political drama of Algeria's turbulent twentieth century of war, revolution and independence. It is a moving celebration of books, bookshops, and of those who dare to dream.
C'est un immeuble au coeur d'une capitale, le genre d'endroit que l'on ne choisit pas d'habiter : on y naît ou on y échoue. Une famille vit là, autour, ou plutôt à côté, de la mère veuve. L'aînée, Sarah, est revenue au bercail avec sa fille et son mari car ce dernier a perdu la raison ; elle passe ses journées enfermée, à peindre comme on s'invente un ailleurs. Son frère et sa soeur, Adel et Yasmine, étaient proches naguère, mais désormais adultes ils ont changé et ne se parlent plus, ils se devinent. Adel porte un secret qui l'étouffe et le réveille au milieu de la nuit. Yasmine est si belle, libre et lucide qu'elle en paraît étrange, elle-même se sent étrangère à la réalité qui l'entoure. La réalité, c'est l'Algérie, un pays qu'on quitte plus facilement qu'on l'aime tant l'avenir y paraît bouché, l'espoir confisqué. Dans ce quartier d'Alger on s'observe, on s'épie, on commente. Avec ironie, avec concupiscence, avec cruauté, rarement avec bienveillance. Tour à tour les membres de la famille, mais aussi les voisins, les vieux d'à côté ou les jeunes du bas de l'immeuble, prennent la parole pour évoquer un quotidien fait de promiscuité, de désoeuvrement, de mal-être, de révolte.Sensible, sombre et violent, le premier roman de Kaouther Adimi ausculte une société contemporaine dans ses souffrances et ses espérances. Certes, il s'agit d'Alger, et on peut voir dans ce livre la radioscopie d'une ville marâtre qui abandonne ses enfants à l'incertitude et au découragement. Mais au-delà de son inscription géographique, par sa profondeur polyphonique, L'Envers des autres tend un miroir à multiples facettes à l'humaine condition et à sa solitude fondamentale : le sentiment d'absence à soi-même est l'unique dénominateur commun d'individus qui se côtoient sans se rencontrer, qui trichent pour se supporter. Et l'empathie semble un conte inventé pour les enfants, pour ne pas briser prématurément leur innocence pleine de rêves légers comme des ballerines de toile.
Daphné Bengoa et Leo Fabrizio, respectivement cinéaste et photographes, publient pour la première fois les fruits d'un projet d'envergure mené en commun sur l'oeuvre algérienne de l'architecte français Fernand Pouillon (1912-1986).
Fernand Pouillon conçoit l'aménagement de l'espace urbain avec pour précepte l'amélioration des conditions de vie de l'homme : lui apporter confort et qualité de vie, et ce quelque soit la destination de ses constructions (habitats d'urgence, logements sociaux, universitaires ou hôteliers). C'est pour l'architecte la seule garantie d'une meilleure intégration des individus au tissu social et culturel. Remettre l'humain au centre, bâtir pour sa dignité et ainsi, peut-être, lui permettre une relation harmonieuse à son environnement.
Si ce postulat semble une évidence pour tous, Fernand Pouillon reste néanmoins l'un des rares exemples du XXe siècle à l'avoir véritablement mis en pratique dans l'ensemble de son oeuvre, en France comme en Algérie. Bâtisseur effréné, il élabore chaque projet avec une exigence d'efficacité, de rationalité et d'économie de moyens. En parallèle, il étudie, enseigne, écrit et édite un ensemble de travaux relatifs à l'architecture et plus largement, sur la tâche et la responsabilité de l'architecte. Son oeuvre bâtie en Algérie - des cités (1953-1958) aux complexes touristiques et logements étudiants (1966- 1982) - éclaire particulièrement sa démarche et l'évolution d'une conception singulière de l'architecture sociale. Elle reste néanmoins encore très méconnue du grand public et la création d'un corpus photographique contemporain sur ce volet de son travail est à ce jour inédit.