On a envie de dire : Entrez, entrez vite dans la baraque enchantée du conteur !
Machineries diaboliques, pantins articulés, leurres et aberrations piègent chaque récit, et le lecteur, littéralement sous le charme, découvre tour à tour de fabuleux paysages marins, des personnages éternels, des univers hantés.
Depuis les grands mythes affolants de l'humanité jusqu'à la plus brûlante actualité qui secoue Maghreb et Machrek, maintes époques sont brassées, maintes civilisations - avec une prédilection pour l'Orient des Mille et Une Nuits.
Forgées par une science quasi picturale de la description et conduites tambour battant par le bonheur de raconter, ces vingt-deux fictions - autant que d'arcanes majeurs dans le tarot - sont un moment de grande littérature, sur le versant flamboyant de l'imaginaire. Elles ont valu à son auteur le Prix de la nouvelle de l'Académie française.
Sorcière pour les uns, sainte pour les autres, elle seule sait encore lire, écrire, fabriquer de l'encre et du papier, et on vient de loin pour obtenir d'elle une lettre. Dans une Amérique balayée par d'étranges fièvres, des hordes de mercenaires et les Indésirables, elle a su garder sa ferme, fidèle à la mémoire de sa soeur. Mais l'arrivée de Mr Hendricks met fin à ce fragile équilibre. Son étrange magnétisme libère en elle tous les fantômes, l'entraînant dans un voyage bien au-delà de la rivière de Blackwater, sur les terres du tout-puissant Billy Kingery...
Les Soeurs de Blackwater est une ode magistrale et envoûtante au pouvoir des mots - seule arme et seul remède dans le monde dystopique d'Alyson Hagy.
Eléazard von Wogau, héros inquiet de cette incroyable forêt d'histoires, est correspondant de presse au fin fond du Nordeste brésilien. On lui laisse un jour un manuscrit, biographie inédite d'un célèbre jésuite de l'époque baroque. Commence alors une enquête à travers les savoirs et les fables qui n'est pas sans incidences sur sa vie privée.
Comme si l'extraordinaire plongée dans l'univers d'Athanase Kircher se répercutait à travers les aventures croisées d'autres personnages, tels Elaine, archéologue en mission improbable dans la jungle du Mato Grosso, Moéma, étudiante à la dérive, ou bien Nelson, jeune gamin infirme des favelas de Pirambú qui hume le plomb fondu de la vengeance.
Nous sommes au Brésil. Nous sommes aussi dans la terra incognita d'un roman monstre. On songe à Borges et Cortázar, à Italo Calvino ou Umberto Eco, ou encore Potocki et son Manuscrit trouvé à Saragosse, sans jamais épuiser la réjouissante singularité de ce roman palimpseste qui joue à merveille des mises en abyme et des vertiges spéculaires.
C'est l'histoire de Manuel Cortès, rêvé par son fils. Le roman vrai d'un homme ayant grandi en Algérie et devenu chirurgien. Fils d'immigrés espagnols, il rechigne à parler du passé, répétant que ce qu'il a vécu n'a aucune importance. La Seconde Guerre mondiale l'a endurci, pour le meilleur et pour le pire. Comment rendre hommage à son père, faire sienne ses blessures, lui rendre justice ?
Qui peut jurer de ne pas inventer, au moins en partie, ses souvenirs ? Certainement pas Augustin Harbour. Quarante ans plus tôt, errant dans le désert du sud libyen, il est tombé sur une mystérieuse oasis : Zindan. On y arrive de n'importe où, de n'importe quand, mais personne, ni aucun des autres voyageurs échoués là, ne sait comment en repartir. C'est que Hadj Hassan, Dieu lui-même, y vit, en compagnie de son envoûtante vestale, Maruschka Matlich.
Réfugié dans une clinique de luxe, sur les rives du lac Calafquén au Chili, carnets de croquis et annotations à l'appui, Augustin dresse l'inventaire de cette extravagante épopée, des habitants et de leurs moeurs étranges - tabous alimentaires, pratiques sexuelles, objets sacrés et autres signes parleurs - qui prend vite des allures de fantasmagorie. Présent et imaginaire se mêlent, comme pour une dangereuse immersion au coeur des ténèbres.
Délirante invention d'un esprit malade ou intuition géniale d'un entendement hors du commun, le récit prodigieux et débridé d'Augustin nous emmène aux confins inexplorés de la folie. On retrouve dans ce roman phénoménal toute la fantaisie, l'humour, la virtuosité et l'érudition de l'auteur de Là où les tigres sont chez eux. Et un fameux coup de crayon !
[Fin des années quatre-vingt dans la Chine communiste] Roetgen vient de quitter Tientsin. Il laisse derrière lui le petit milieu des expatriés, joyeuse- ment délétère et décalé, pourtant en prise avec le quotidien souvent absurde du régime. Plus que tout, c'est son histoire avec Beverly, une Américaine de vingt ans son aînée, que Roetgen cherche à comprendre.
[ Sex, drugs & and rock'n'roll ] Beverly, qui a vécu (ou fantasmé) mille vies rocambolesques, des plus sordides aux plus éclatantes, est exubérante, exces- sive, jalouse, elle n'a aucune limite, elle ne vit que par passion. D'emblée Roetgen est fasciné, mais Beverly a aussi sa face obscure.
[Un labyrinthe d'histoires] Beverly réclame sans cesse à son amant des his- toires à la hauteur de sa propre biographie. Il lui raconte les affres d'un empe- reur chinois au double visage, une folle nuit au coeur de la Cité Interdite, un vrai faux polar dont il ne livre qu'un chapitre sur deux - récits haletants, volontiers désopilants, qui vont à leur tour nourrir la folie de Beverly.
[Un véritable crossover de Là où les tigres sont chez eux ] Roetgen, Loisinger, le Brésil, Fortaleza, le perroquet Heidegger, Thaïs... Écrit avant Là où les tigres sont chez eux, et entièrement remanié, Le Rituel des dunes nous offre également de magnifiques retrouvailles avec des lieux, des personnages, une atmosphère, et ce ton si particulier, fougueux, incroyablement stimulant.
À observer les troubles qui agitent les tribus libyennes de 2016 et persistent, hélas, à maintenir dans le pays une anarchie politique et religieuse extrêmement nocive, on ne peut s'empêcher d'y reconnaître comme en miroir la Libye du tout début du XIXe siècle, celle que les premiers voyageurs occidentaux redécouvrirent, souvent au péril de leur vie, après plusieurs siècles d'effacement. C'est dans le sillage de Jean-Raimond Pacho, grand explorateur, que Jean-Marie Blas de Roblès nous invite à parcourir les sites archéologiques parmi les plus importants au monde tels que Apollonia ou Leptis Magna.
Construit autour de larges extraits du Récit de voyage de Jean-Raimond Pacho (publié en 1827), que l'auteur commente et met en perspective, cet ouvrage nous conduit au coeur des racines grecques et carthaginoises de la Libye.
Au coeur de ce roman, un personnage hors du commun: Bastien, gardien d'un lycée jésuite et secrètement passionné par tout ce qui concerne le Tibet et le lamaïsme. Tenu à l'écart de son voisinage pour d'obscurs motifs, le vieil homme vit plus solitaire qu'un moine bouddhiste.
L'aventure commence à Lyon, par la rencontre entre le vieux sage et Rose, nouvellement emménagée avec son petit Paul. Séduite par l'étrangeté du personnage, cette dernière s'attache à lui au point de lui permettre d'accomplir le voyage de sa vie...
Vérités et mensonges, fautes et rédemption s'enlacent et se provoquent dans ce roman qui interroge avec une désinvolture calculée les «machines à déraisonner» de l'Histoire contemporaine. Roman à thèse si l'on veut, sous les bonheurs du romanesque pur, la Montagne de minuit se lit comme une exploration intrépide des savoirs et des illusions.
Choix de textes poétiques écrits entre 1975 et 2013.
Tremblement de plaisir ou de dégoût, altération intime de moi-même... ce que ma lecture a produit, je ne sais encore l'exprimer qu'en termes flous d'émoi. Et quand, pressé d'associer à ce livre les personnes qui me sont chères, je réussis à m'approcher d'un téléphone, je n'ai toujours rien d'autre à partager que cette émotion forte, irraisonnée, mais dont je sais qu'elle provient d'une offrande reçue, d'une alchimie qui a déjà commencé à transformer ma vie. Lors même que je conseille cette lecture à mon ami, j'use involontairement de la confiance qu'il m'accorde, de la proximité où s'enracine notre amitié pour me contenter, sans analyse ni commentaire, de lui annoncer la bonne nouvelle. A mon inflexion de voix, à certains mots, toujours plus ou moins les mêmes qui s'imposent à moi dans la louange, il reconnaît l'inexprimable. Deux ou trois détails me reviennent en mémoire, une image, une phrase que je ne parviens pas à citer correctement: je cours chercher le livre, par crainte d'en avoir un tant soit peu trahi la lettre. Je lis. Cette fois, c'est la première phrase d'un roman :
Ses amis l'appelaient Harry. Mais Harry n'enculait pas n'importe qui. Uniquement des femmes... des femmes mariées.
Sir Richard Francis Burton (1821-1890) fut le premier à proposer une version non censurée des Mille et Une Nuits. De son voyage immobile dans les célèbres contes arabes et de ses multiples explorations réelles, il a tiré une étude des moeurs orientales d'une richesse infinie : L'Essai final, que Jean-Marie Blas de Roblès traduit ici pour la toute première fois en français. Ce Livre noir en offre une version abrégée, par ailleurs augmentée de notes choisies dans les seize volumes de la traduction des Mille et Une Nuits de Burton ainsi que d'un récit trépidant de la vie de cet auteur exceptionnel.
Ce dernier aborde sans compromis toutes les facettes du comportement humain - hygiène, croyances, condition des femmes, esclavage, excision, castration, viol, plaisir féminin, adultère, inceste, polygamie, homosexualité... -, se montrant pionnier, précurseur de Havelock Ellis et de Magnus Hirschfeld en matière d'anthropologie sexuelle. Officier de l'armée des Indes, explorateur, chercheur d'or, éditeur clandestin de textes érotiques, consul, maître soufi, polyglotte, spécialiste incontesté de la langue arabe, son ouverture d'esprit et sa propension au déguisement lui ont permis d'étudier en profondeur les cultures qu'il approchait, de l'Inde à la Syrie, en passant par le Pakistan, l'Arabie, l'Afrique orientale et occidentale. La liberté de parole et l'érudition de ce géant - qui scandalisa la société victorienne convaincue de la supériorité de sa morale sur celle du monde islamique - se déploient dans cette oeuvre inédite, fascinante, que l'on pourrait introduire ainsi : Ecce Homo.