La consommation du numérique sous toutes ses formes - smartphones, tablettes, télévision, etc. - par les nouvelles générations est astronomique. Dès 2 ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque 3 heures d'écran. Entre 8 et 12 ans, ils passent à près de 4 h 45. Entre 13 et 18 ans, ils frôlent les 6 h 45. En cumuls annuels, ces usages représentent autour de 1 000 heures pour un élève de maternelle (soit davantage que le volume horaire d'une année scolaire), 1 700 heures pour un écolier de cours moyen (2 années scolaires) et 2 400 heures pour un lycéen du secondaire (2,5 années scolaires).
Contrairement à certaines idées reçues, cette profusion d'écrans est loin d'améliorer les aptitudes de nos enfants. Bien au contraire, elle a de lourdes conséquences : sur la santé (obésité, développement cardio-vasculaire, espérance de vie réduite...), sur le comportement (agressivité, dépression, conduites à risques...) et sur les capacités intellectuelles (langage, concentration, mémorisation...). Autant d'atteintes qui affectent fortement la réussite scolaire des jeunes.
« Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l'histoire de l'humanité, une telle expérience de décérébration n'avait été conduite à aussi grande échelle », estime Michel Desmurget. Ce livre, première synthèse des études scientifiques internationales sur les effets réels des écrans, est celui d'un homme en colère. La conclusion est sans appel : attention écrans, poisons lents !
Léon Chertok est d'abord un héros de la résistance au nazisme. Arrivé en France juste avant la Seconde Guerre mondiale, il est né dans le shtetl de Lida en Litwakie. Il apprend illico le français et rejoint la section juive de la MOI (Main-d'oeuvre immigrée, organisation proche des communistes) ; il procédera avec succès au sauvetage d'enfants juifs menacés de déportation. C'est ainsi que son parcours croise celui de Leopold Trepper et de l'Orchestre rouge.
Dès la guerre terminée, devenu psychiatre et psychanalyste, il découvre la puissance inexpliquée de l'hypnose, alors bannie des institutions. Son nouveau combat sera de faire reconnaître cette pratique thérapeutique jusqu'au sein de la psychanalyse. Il gagnera à sa cause des philosophes comme Isabelle Stengers et Didier Gille avec qui il écrira ses mémoires. Sans jamais céder ni au stalinisme ni aux impératifs de la guerre froide, il restera sa vie durant un empêcheur de penser en rond.
Le Moi la faim et l'agressivité est le premier ouvrage de Frederick Salomon Perls, un des principaux fondateurs, avec sa femme Laura Perls et Paul Goodman, de la Gestalt-thérapie. Ouvrage de référence, point de départ de cette nouvelle approche psychothérapeutique, il signe une certaine rupture avec Freud et la psychanalyse en apportant une dimension psychocorporelle fondamentale.
Véritable alternative aux psychiatries traditionnelles, ce livre nous apporte un regard nouveau et décalé sur notre mode de relation aux autres.
Entre 18 mois et 3 ans, il n'est pas possible de faire méditer un enfant. En revanche, on peut lui apprendre :
- à ressentir ce qui se passe dans son corps.
- à ressentir ce qui se passe dans sa tête.
- à se détendre.
- à mieux dormir.
A partir de 3 ans, on peut commencer de petits exercices d'initiation (exercice du spaghetti et de l'attention à la respiration).
Le meilleur apprentissage passe par l'imitation. Pour apprendre la sérénité et la confiance à un enfant, il suffit de lui montrer l'exemple. Autrement dit, d'être soi-même calme et confiant. Ce qui n'est pas toujours facile car le métier de parent est stressant et les conseils éducatifs souvent contradictoires. C'est pourquoi ce livre apprend aussi aux parents et aux enseignants à se connecter à leurs émotions et à s'initier à la pleine conscience.
Le livre explique l'art d'être parent en pleine conscience et propose des exercices, des massages, des activités à faire avec les tout petits.
L'Éveil de la petite grenouille est un livre pour apprendre l'attention, l'harmonie et la confiance à partir de 18 mois. Par l'auteur de Calme et attentif comme une grenouille.
L'émergence des neurosciences et de la psychologie du développement, la complémentarité des sciences biomédicales et des sciences humaines rendent aujourd'hui impératif le dialogue des disciplines autour du développement du jeune enfant et de la prévention de ses difficultés.
Les savoirs concernant les bébés et les jeunes enfants se sont renouvelés de façon foisonnante ces dernières années avec les apports de l'épigénétique et de la plasticité cérébrale, les théories de l'esprit et de l'intersubjectivité... Cet ouvrage invite au dialogue et à la reliance entre tous les champs disciplinaires autour des tout-petits concernant la période prénatale, les étayages de la parentalité, le développement précoce et ses aléas et les enjeux des apprentissages premiers. Les politiques publiques de prévention en petite enfance sont questionnées - avec des apports critiques sur des exemples internationaux - afin d'examiner les enjeux d'une revitalisation du dispositif de PMI, alors que se tient sur ces sujets une commission « des 1000 premiers jours ».
« Vous croyez ? », c'est ainsi que nous reprenons la question de la croyance à un moment où celle-ci prend, dans notre monde, une actualité immense dans ses formes les plus problématiques, offrant ainsi le besoin de s'interroger sur son mécanisme. Quelle est donc la puissance qui est ainsi à l'oeuvre pour donner une telle résistance à ce mouvement interne qui commence par l'attente croyante, qui se manifeste dans le transfert, qui peut se déployer dans la passion meurtrière, mais qui est aussi à l'oeuvre dans le processus du savoir et le désir de vérité.
Ce livre aurait pu s'intituler Contre une psychiatrie industrielle, quantitative, protocolisée, standardisée, numérisable, objectivante, désincarnée, ultrarapide et inégalitaire, mais c'eût été trop long et difficile à retenir. C'est dommage car l'heure est grave : le pouvoir politique abandonne la psychiatrie publique à sa misère, plusieurs ténors de la profession militent pour instaurer une psychiatrie industrielle, quantitative standardisée, numérisable, objectivante, désincarnée, ultrarapide et inégalitaire, et les malades les plus fragiles font les frais d'un économisme sanitaire totalement dénué d'état d'âme. Constat inquiétant, lorsqu'on sait qu'un Français sur trois a été, est, ou sera atteint d'un trouble mental, et que le degré de civilisation d'une société se mesure à la manière dont elle traite ses membres les plus fragiles.
Mais il n'est pas forcément trop tard pour restaurer une psychiatrie artisanale, prévenante, lente et respectueuse des singularités des personnes qu'elle soigne.
C'est de cet espoir que ce livre procède.
Que devient l'inconscient ? Retraçant l'histoire de ce concept fondamental de la psychanalyse, inventé par Freud, l'auteur montre sa pertinence, au-delà de la clinique, dans le domaine de la politique.
En un peu plus d'un siècle, sur l'arrière-fond d'une production conceptuelle continue - où Freud, Lacan, Deleuze et Guattari sont des jalons essentiels -, l'inconscient a questionné la philosophie et l'histoire, l'anthropologie, la vie sociale, les insondables de l'amour et de la vie sexuelle. Chaque jour davantage, il bouscule le domaine envahissant d'une réflexion politique inaugurée par l'analyse marxienne du capital. Il ne cesse d'interroger ensemble la micropolitique des pouvoirs et les pulsions machiniques obscures du désir, l'économie politique et l'économie libidinale délibérément confondues. Les facettes multiples de cet essai explorent les processus de domination ou de résistance qui agencent la production des subjectivités, les politiques répressives ou émancipatrices d'un inconscient dans son temps.
Douze analystes, chacun avec sa singularité, tentent de rendre compte de ce qui fait pour eux l´essence de la clinique lacanienne. Ce livre a une portée internationale et témoigne de l´expansion du discours analytique dans le monde. Ainsi, à côté des analystes français, on trouvera des analystes d´Espagne, d´Italie et d´Australie. Chacun, avec son propre style, explique comment ils sont venus à faire le choix de l´orientation lacanienne en psychanalyse, en quoi consiste cette spécificité et ce qui change par rapport aux autres pratiques de la psychanalyse. Un fil se dégage à travers ces différents textes: une véritable contribution à l´actualité de la psychanalyse dans le contexte de notre époque.
L'objet a est sans aucun doute le concept le plus original de l'oeuvre de Lacan. Paradoxalement, peu d'ouvrages traitent de manière directe de ce point précis de la théorie et de la pratique lacaniennes. Voici donc l'un des premiers livres consacrés à cette invention lacanienne qui, à certains égards, condense à lui tout seul, tel l'Aleph de Borges, la pensée et l'originalité de Lacan. Le livre que nous allons lire présente de manière progressive les outils conceptuels de l'oeuvre du psychanalyste français, en suivant l'émergence de « l'objet des objets », comme le désigne son inventeur. Cette notion, qui apparaît aussi comme une nécessité théorique, est déjà en germe dans les premiers séminaires du psychanalyste, avec l'hypothèse de la prééminence du symbolique, et on peut en suivre le développement dans les textes qui traitent de la cure analytique, et jusque dans le dernier enseignement de Lacan. Un tel parcours remet en lumière la portée de la révolution freudienne qui depuis plus d'un siècle conduit l'homme moderne dans les méandres de son rapport aliéné au désir, mais aussi lui ouvre les voies de son devenir possible en tant que sujet.
Lors de la vingt-troisième séance de son Séminaire consacré à l'Objet de la psychanalyse, Jacques Lacan, excédé, faisait trembler les murs de l'École normale supérieure avec une diatribe féroce contre un jeune titulaire de la Société psychanalytique de Paris venu discuter ses positions sur le narcissisme primaire. Si la voix de Lacan a résonné dans la plupart des psychanalyses du monde, c'est bien celle de Conrad Stein - l'antagoniste stoïque et rigoureux de ce 22 juin 1966 - qui est mise à l'honneur de cette brève histoire (indépendante) du mouvement psychanalytique francais.
Renato Mezan analyse ainsi, dans un ouvrage documenté et vivant, les enjeux scientifiques et personnels engagés dans ce concept à la base du sentiment d'identité, à une période où, précisément, la psychanalyse de l'intersubjectivité trouvait ses premières plumes et bouleversait le caractère intrapsychique de la discipline. Qui parle en séance ? À qui ou à quoi parle-t-il ? Sur quoi le psychanalyste doit-il porter son attention et ses interprétations ?
Comment lire aujourd'hui Sigmund Freud (1856-1939), un auteur sur lequel tout semble avoir été dit ? Abondamment commentées, ses approches théoriques et thérapeutiques ont donné lieu au mouvement psychanalytique, dont l'essor a marqué le monde occidental. Si Freud est devenu un nom familier, ses théories du rêve, de la sexualité et de la religion n'ont pourtant cessé de susciter des controverses.
Ce livre invite à rendre accessibles les problématiques majeures de l'oeuvre freudienne en les rapportant à ses contextes scientifique, historique et culturel. Au lieu de livrer une autre présentation dogmatique, il s'agit ici d'éclairer la dynamique de l'oeuvre en révélant les traces du processus historique dans les textes eux-mêmes.
Une mauvaise fée aux mille visages s'est penchée sur le berceau de l'humanité : la connerie. Elle chemine avec nous, fidèle entre les fidèles, se réinventant au fil des siècles et des cultures. Elle fustige les différences, réduit en esclavage, attise la violence, cultive la cruauté, dévoie les avancées technologiques, trahit les espoirs politiques, gangrène les idéologies, et saccage la planète. Elle suivra notre espèce jusqu'à la tombe, et la creusera peut-être. Le pire, c'est que nous en sommes plus souvent les complices que les victimes ! Du Néolithique à nos jours, plus de trente historiens nous dévoilent la vérité nue et biscornue sur la connerie.
Depuis plusieurs décennies, nous réfléchissons au sens de la féminité, à l'éducation de nos filles que nous voulons fières et émancipées. Nous luttons à l'école, dans la rue, auprès de nos familles pour tordre le cou aux clichés et leur offrir des chances égales à celles des garçons. Mais nous continuons d'élever nos fils dans le même moule patriarcal, comme si nous pouvions déconstruire le sexisme sans nous interroger sur la masculinité ! S'appuyant sur des études scientifiques et sur les témoignages de professionnels de l'enfance, Aurélia Blanc, jeune mère et journaliste, décortique les stéréotypes et rassemble tous les outils pour aider les parents à élever leurs garçons de manière antisexiste.
Elle décrit comment nos fils, enfermés dans de vieux carcans virils, souffrent d'une vision violente de la masculinité, qui les a conduit au refoulement de leur être, de leurs sentiments et de leurs vraies envies. Adopter une éducation féministe, c'est donner à nos garçons l'opportunité de développer leur singularité et de cultiver une vraie liberté ! Retrouvez tous les conseils pour : se déconditionner du " sexisme bienveillant " véhiculé par notre environnement et notre éducation ; démanteler les idées reçues : non, les cerveaux des garçons et des filles ne sont pas " câblés " différemment, et, non, jouer à la poupée ne " rend " pas gay ! ; permettre à son garçon de vivre une masculinité apaisée : " un homme, un vrai, ça ne pleure pas " et autres injonctions viriles préconçues ; l'armer face aux pressions sociétales : " c'est un truc de fille " ; lui apprendre le respect de soi et des autres : la question du consentement, la fabrique de la sexualité.
Il est moche, mais quel talent !
Le cerveau humain est salué comme la structure la plus complexe de l'univers. C'est aussi impressionnant que décourageant, quand on n'est pas spécialiste. Comment faire connaissance avec lui ? En lui demandant de se présenter !
Interrogé dans une émission grand public par l'intrépide journaliste Julia Mojito, le cerveau superstar, un rien cabotin, nous fait découvrir l'étendue de ses talents. Nous comprenons comment cet organe spongieux et sanguinolent filtre nos perceptions, assure notre survie à notre insu comme un ange gardien, et modèle les histoires que nous nous racontons sur le monde et sur nous-mêmes.
Sans jargon, et avec humour.
Dire d'elle : « c'est toujours un être humain » n'est pas dire grand-chose. Laissons aux sciences neuronales le soin d'analyser son état. Dire d'elle : « c'est toujours une personne » n'est pas dire davantage. Laissons au moraliste le soin de nous rappeler à notre devoir. En vérité, il ne faut pas dire mais faire. Oui! Il faut faire, faire preuve d'humanité. Mais cette preuve, il faut être deux à la donner, il faut donc qu'elle aussi l'exige de moi comme je l'exige d'elle. Car l'humanité n'est une propriété ni d'elle ni de moi. C'est, malgré alzheimer, l'échange entre elle et moi;c'est, dans la réciprocité, le lien qui s'est noué et se conserve entre elle et moi. Sans ce commerce mutuel, ni elle ni moi ni tout autre ne sommes des êtres humains.
« Je sais maintenant, grâce aux récits intimes de mon for intérieur, et aux histoires des enfances fracassées, qu'il est toujours possible d'écrire des soleils.
Combien, parmi les écrivains, d'enfants orphelins, d'enfants négligés, rejetés, qui, tous, ont combattu la perte avec des mots écrits ?
Pour eux, le simple fait d'écrire changea le goût du monde.
Le manque invite à la créativité. La perte invite à l'art, l'orphelinage invite au roman. Une vie sans actions, sans rencontres et sans chagrins ne serait qu'une existence sans plaisirs et sans rêves, un gouffre de glace.
Crier son désespoir n'est pas une écriture, il faut chercher les mots qui donnent forme à la détresse pour mieux la voir, hors de soi. Il faut mettre en scène l'expression de son malheur.
L'écriture comble le gouffre de la perte, mais il ne suffit pas d'écrire pour retrouver le bonheur.
En écrivant, en raturant, en gribouillant des flèches dans tous les sens, l'écrivain raccommode son moi déchiré. Les mots écrits métamorphosent la souffrance. »B. C.
Un livre bouleversant, de témoignage et d'émotion, où Boris Cyrulnik convoque les déchirures d'écrivains célèbres, les conjugue à l'aune de ses propres souffrances pour mieux convaincre chacun de nous des bienfaits de l'imaginaire, de la puissance du rêve, des pouvoirs de guérison que recèle l'écriture.
Cet ouvrage est le résultat d'une mobilisation inédite de praticiens venant des principaux courants théoriques de la psychanalyse. Oubliant leurs traditionnelles divisions, et après avoir rappelé les fondements scientifiques de leur discipline, les auteurs offrent un panorama des apports de leur discipline à la société française dans trois secteurs: la santé mentale, l'enfance et la culture.
Initiative unique dans l'histoire de la psychanalyse française, cet ouvrage vise à montrer la capacité des praticiens de cette discipline à surmonter leurs traditionnelles divisions pour mieux mettre en commun leurs expériences, leurs savoirs et leurs compétences. Contrairement à ce que déclarent les fossoyeurs de cette « discipline reine » en sciences humaines, ils veulent souligner à quel point la psychanalyse irrigue toujours davantage la pensée contemporaine. Ils montrent combien leurs concepts, devenus de véritables outils de travail pour nombre de praticiens et de chercheurs, font désormais partie du langage courant.
On peut lire La Logique et l'Amour, et autres textes comme un livre sur l'amitié et l'amour, sur ce que la pensée leur doit.
On y rencontre des êtres et des oeuvres que lient des affinités électives, des solidarités intellectuelles et des influences croisées.
On y revit les moments d'une époque dont un fameux mois de mai fut le symbole.
On y retrouve Lacan, Sollers, Bataille, Quignard, Klossowski, Vuarnet, Foucault, Le Brun, Genet, Pachet.
Vous êtes en colère, angoissé, jaloux ? Emporté par un sentiment d'euphorie, de nostalgie, ou de passion amoureuse ? Vous êtes atteint de philogéniture ? Ou d'une bouffée de technostress ?
Les mots que nous avons pour nommer nos émotions influencent la façon dont nous les appréhendons et les ressentons. Nos émotions sont façonnées autant par notre corps et notre esprit que par notre culture. Pour nous aider à mieux les comprendre, Tiffany Watt Smith a recours à la psychologie mais aussi à la philosophie, l'anthropologie, à la petite et la grande Histoire - et à tant d'anecdotes lumineuses ! On découvre ainsi comment l'ennui a été inventé à l'époque victorienne, ou pourquoi les présidents américains se sont mis, un beau jour, à sourire sur leurs portraits officiels - car nos émotions évoluent au fil des époques et de notre vie.
En explorant des émotions familières (peur, joie, surprise), des émotions émergentes (basorexie, ringxiety), ou empruntées à d'autres cultures (hygge, schadenfreude), des émotions parfois inouïes (mono no aware, awumbuk), Tiffany Watt Smith nous révèle les nuances et les forces étranges qui façonnent nos mondes intérieurs.
Le Livre des émotions humaines est un inventaire inédit, souvent ludique, d'une richesse exceptionnelle, qui invite à la réflexion sur la subjectivité et la relative universalité de nos émotions.
Un livre à feuilleter, à lire à voix haute, à offrir !
Beaucoup de surprises attendent le lecteur de ce livre.
D'abord celle de l'existence d'une alliance objective entre les deux géants du siècle passé, ayant pu aller jusqu'au pacte tacite, mais constamment renouvelé entre la psychanalyse et la philosophie, anti-hegélienne, bien sûr.
Ensuite, celle de la connaissance approfondie des textes de Freud, dès les années 20-30, que pouvait avoir Bataille, et bien avant que Lacan ne s'en empreigne, si l'on veut bien prendre enfin en compte ses écrits du tome II de ses OEuvres Complètes, publiés seulement en 1970.
Mais surtout, il devient évident que ce savoir qui est à légitimer, car il est celui d'un analysant, a permis à un écrivain portant ce nom de mener un triple combat : celui, évidemment contre la pusillanimité des plumes surréalistes et toutes les positions qu'il qualifie d'icariennes au regard de l'indécence du sexe ; donc, par là même, l'ouverture d'un autre front : celui d'une réhabilitation de Sade, qui sera présenté dans ces pages comme l'ancêtre le plus direct de Freud, celui-ci offrant enfin à sa « valeur d'usage » une « valeur d'échange » ; enfin la prise en compte effective, non seulement des dangers, mais de la réelle fascination que peut exercer le fascisme sur l'esprit rendu mélancolique par tous les progrès d'une science qui évacue la dimension du sujet, le privant de toute attache à sa terre et son histoire.
Après la mort du Roi et la mort de Dieu, l'oeuvre relue de Bataille offre ainsi l'occasion de devoir surtout se convaincre de la mort de l'Un. Il importera de bannir l'univocité du sens et d'affirmer la prise en compte, chaque fois que s'énonce un désir, de la contradiction qu'il abrite en son sein entre l'excrétion qu'il permet et la réappropriation qu'il réclame.
Cet ouvrage de 1957 fait date. En effet, il marque un tournant capital pour la psychiatrie, qui s'éloigne d'une psychologie mêlée de philosophie pour véritablement se faire médecine totale. À travers l'étude du cas de cette patiente atteinte de délire schizophrénique de persécution, Binswanger découvre la maladie comme résultat d'un processus dont seule l'observation de l'environnement, du contexte et de l'histoire du patient peut mener à la compréhension.
Collectant de façon minutieuse et presque exhaustive tous les éléments du passé et du quotidien de Suzanne Urban, le médecin répertorie tant les symptômes cliniques que les données externes au patient. Avec Le Cas Suzanne Urban, Ludwig Binswanger ouvre une nouvelle voie et refonde la façon dont la psychiatrie est envisagée.
Rares sont ceux qui, entendant leur voix enregistre´e, la reconnaissent - encore plus rares sont ceux qui l'appre´cient. Cette « e´trange`re qui nous ressemble » nous identifie pourtant aux yeux des autres plus su^rement que notre silhouette. Quelques mots et nous savons a` qui nous avons affaire : la voix est une empreinte fide`le.
Notre voix, nous ne la connaissons pas ; nous ne la travaillons pas ; nous n'en jouons pas. Elle est pourtant un instrument extraordinaire. Permettant de combler l'e´cart entre notre perception et la re´alite´ - et ainsi se donner a` entendre comme on se donne a` voir -, elle est aussi « ce qui relie l'a^me et le corps ».
Ancienne artiste lyrique, diplo^me´e en philosophie et coach en technique vocale et prise de parole, Perrine Hanrot nous propose un voyage scientifique et litte´raire autour d'un sujet trop peu explore´. Une re´flexion mene´e a` voix douce, un voyage envou^tant accompagne´ d'exercices pratiques pour apprendre a` reprendre son souffle, a` s'entendre et a` se faire entendre.
Des couloirs transformés en hébergements de fortune, des personnels de santé au bord de la crise de nerfs, des mobilisations récurrentes, nombreux sont les signes d'une période éprouvante pour l'hôpital public. Pourtant, aux protestations réclamant des moyens supplémentaires, les différents gouvernements et experts des systèmes de santé répondent que le problème de l'hôpital n'est en rien financier mais organisationnel et qu'il suffirait de repenser sa place dans le système de santé, son organisation et ses missions. L'hôpital serait en crise, il faudrait en réformer le mode de gestion afin de le rendre économiquement performant et de répondre aux « attentes » des « usagers ».
Contre cette vision sommaire et simplificatrice, cet ouvrage décrypte la fabrication des différentes « crises » de l'hôpital public, dans leurs dimensions financière, organisationnelle et territoriale. A partir de plusieurs enquêtes sur les personnels hospitaliers et les conditions d'exercice de leur métier, il montre que les réformes entreprises depuis les années 1980 ont progressivement fragilisé l'organisation des soins au point d'en interroger aujourd'hui la pertinence et de promouvoir l'« innovation » comme remède miracle aux maux hospitaliers. Cette superposition de crises implique ainsi différentes façons de dire les problèmes et par là, les solutions à apporter. Derrière ces lectures concurrentielles et parfois antagonistes se joue en fait la conception même du rôle et de la place de l'hôpital public. Un débat démocratique qu'il est temps d'engager.