Délivrance : Un exilé écrit à sa femme. Ses lettres se succèdent, dans lesquelles il la supplie d'aller voir ses vieux parents, réclame des nouvelles d'elle et de leur enfant...
Berlin mon garçon : Marina part à Berlin chercher son fils qui s'y est fourvoyé. À son arrivée, elle est horrifiée par la laideur et la tristesse de la ville, malgré l'accueil de Rüdiger avec qui elle devra partager un appartement dans Corbusierhaus en vertu d'une loi nouvellement promulguée...
Honneur à Notre Élue : Les habitants d'une ville parlent de leur élue, une femme extraordinaire.
Elle est parmi eux, présence bienfaisante, très humaine même si on ne sait pratiquement rien d'elle, pas même son nom. L'Opposant tente de rassembler des arguments pour mettre un terme à son mandat, mais, comme tous les autres, il aime Notre Élue...
On retrouve dans chaque pièce l'univers fascinant de Marie NDiaye, son art délicat qui entraîne le lecteur comme le spectateur dans une spirale sans fin vers les abysses de la conscience.
Manque est un texte duquel la violence physique, si caractéristique d'Anéantis ou de Purifiés, est absente. Quatre voix dont l'identité n'est pas clairement définie parlent respectivement entre elles et à ceux qui les écoutent. La lecture de Preparadise sorry now de R.W. Fassbinder est à l'origine du projet. Les ressemblances avec La Terre vaine de T.S. Eliot sont patentes, du moins sur le plan poétique, car le texte est truffé d'allusions et de citations, sans que Kane ait voulu les identifier. Quant au sujet, les voix qui déversent leurs sensations dans un torrent d'impressions, de souvenirs et de désirs sont à l'image de l'idée que Sarah Kane se faisait de l'amour : dès que deux personnes forment une relation, une sorte de colonisation prend place et l'une d'elles risque d'être abusée par le pouvoir que l'autre exerce sur elle.
Dans cette adaptation, très condensée, de la dernière pièce de Shakespeare, «La Tempête», Peter Brook nous donne à voir comment cette pièce si méconnue du répertoire du dramaturge entre en résonnance avec toute son oeuvre.
Gabrielle s'apprête à monter l'escalier qui mène à son appartement. Elle est professeure de français à Royan. Elle sait que les parents de Daniella l'attendent sur le palier de son appartement, comme chaque jour, pour lui demander des comptes. Daniella était une de ses élèves, elle s'est jetée par une fenêtre du lycée. Au fil d'un monologue exalté et vindicatif, Gabrielle s'adresse aux parents de la jeune morte, repousse la culpabilité qui la ronge. Daniella lui écrivait sans cesse des lettres pour la prévenir de sa situation, lui dire que c'est pendant ses cours tout particulièrement que la cruauté des élèves se déchaînait contre elle alors que la professeure faisait mine de ne rien voir, continuant imperturbablement de jeter en pâture aux adolescents indifférents des vers sublimes de Marceline Desbordes-Valmore. Gabrielle s'emporte contre les parents, responsables selon elle d'avoir donné une éducation trop libre à leur fille ; elle s'en prend à Daniella, « sauvage, âpre et véhémente », « très éprise de son âme insolente », qui a selon elle forgé son propre malheur - elle vitupère, plaide sa cause : n'a-t-elle pas dû se battre elle-même contre sa propre mère ? n'a-t-elle pas été une jeune fille autrement plus courageuse que cette adolescente qui par certains aspects lui ressemblait tant ? « Sauvage, âpre et véhément » : tel est, à l'image de l'adolescente défenestrée, le ton de ce monologue enragé, où plane le sentiment d'une faute inexpiable, dont la narratrice se sent à la fois accablée et innocente. Comme toujours chez Marie NDiaye, une violence métaphysique se dégage des êtres et des situations, venue de si loin qu'il est impossible d'en déterminer la cause, qui n'a rien de la violence atrabilaire d'un Thomas Bernhardt car elle n'exclut aucunement l'amour, n'a rien de grinçant ni de ricanant - elle s'élève contre une injustice originelle indissociable, semble-t-il, de la condition humaine.
Dans François, le Saint Jongleur, comédie subversive inspirée de l'histoire méconnue de François d'Assise, Dario Fo retrace en plusieurs tableaux la vie de l'homme de foi, resté célèbre pour ces harangues populaires à travers toute l'Italie. Celui qui avait fait voeu de pauvreté dénonçait avec verve le pouvoir néfaste de l'argent, la comédie des erreurs politiques et des errances religieuses. À Rome, il s'en alla défier le pape pour obtenir son accord de proclamer l'Evangile de par les chemins en langue vulgaire.
Avec une truculence irrévérencieuse, Dario Fo conte des épisodes de la vie du Saint, relevant sa parenté spirituelle avec l'anticonformisme de l'ecclésiaste, qui appelait à la rébellion contre les puissants de ce monde.
Ce diptyque théâtral réunit deux récits familiaux, portés par la figure de Frida. La jeune enfant, figure muette mais toujours présente, provoque chez ses parents un besoin d'amour exclusif. Derrière l'apparente légèreté des échanges domestiques se déploie une chorégraphie de possession de l'enfant, avec chantage affectif et recherche permanente d'ascendant sur l'autre parent. Si la première pièce se concentre sur le trio père-mèreenfant, la seconde élargit le cercle familial aux grands-parents, à qui Elle et Magnus rendent visite pour les vacances au bord de la mer. L'insistance à affirmer le bonheur d'être là révèle peu à peu un profond malaise. Alors que les pleurs de la grand-mère semblent taire un terrible secret, Magnus décide de partir seul avec Frida sur la côte sud.
Les compositions de Brattberg, musicien de formation classique, s'illustrent par la finesse d'un rythme syncopé, avec ses jeux d'échos et e ses silences. Une écriture musicale qui gagne en efficacité dramatique par son économie de mots Les mêmes scènes se répètent, avec de légères variations, où viennent se nicher, par la mise à distance et la dérision, la tension familiale et les obsessions individuelles
James Baldwin a écrit cette pièce en 1964 en réaction à l'assassinat de son ami Medgar Evers, militant des droits civiques, abattu devant son domicile du Mississippi le 12 juin 1963 par un suprémaciste blanc.
L'accumulation des meurtres racistes aux États-Unis (dont celui de quatre jeunes filles noires dans un attentat à la bombe contre une église baptiste de Birmingham, Alabama, le 15 septembre 1963) constitue l'arrière-plan de ce cri de révolte scénique. La quasi-impunité qui suit ces actes sera l'élément déclencheur de ce travail.
C'est aussi le meurtre atroce en 1955 de l'adolescent Emmett Till qu'il décide d'évoquer : « Dans ma pièce, écrit-il, il est question d'un jeune homme qui est mort ; tout, en fait, tourne autour de ce mort. Toute l'action de la pièce s'articule autour de la volonté de découvrir comment cette mort est survenue et qui, véritablement, à part l'homme qui a physiquement commis l'acte, est responsable de sa mort. L'action de la pièce implique l'effroyable découverte que personne n'est innocent [...]. Tous y ont participé, comme nous tous y participons. »
«Une femme dit tout de sa vie:l'amour et les désirs, la douleur, la mort.J'ai écrit ce texte pour le compositeur Yann Robin, mais il se lit aussi sans musique, comme un petit roman intérieur.»Yannick Haenel
Le théâtre est l'autre lieu. L'espace s'y appelle autrement : à droite la cour, devant la face, à gauche le jardin, au fond le lointain, au ciel les cintres, sous le plateau les dessous. Au singulier, «les dessous» deviennent le dessous, l'inférieur - qui, remis au pluriel, ouvre les enfers...
Qui est dessous? En dessous de tout? - Le langage, le verbe, la parole. - Qui est descendu aux Enfers? - Orphée, Mahomet, Dante, le Christ.
Qui soutient tout, nous constitue, nous structure, nous porte? nous supporte? nous sous-tend? Quel est notre sous-sol? - Notre langue. C'est sur elle que toute la construction humaine repose. C'est par elle que nous avons été (légèrement, fragilement¿!) séparés des animaux.
Nous sommes des animaux qui ne s'attendaient pas à avoir la parole.
Quelque chose est en train de changer dans les manières de pratiquer les arts vivants, d'en faire comme d'en voir, à tel point que l'on peut se demander si les vocables utilisés jusqu'alors pour définir ces activités-là, si particulières, offrent encore la possibilité d'en parler. Car, la représentation d'une histoire fictive, le conflit entre personnages et le déroulement destinal qu'ils impliquent n'intéressent plus les spectateurs dans la salle, ni non plus les acteurs, danseurs, performeurs ou acrobates sur la scène. Le regard des uns et le travail des autres ne se portent plus sur la représentation. Il est dirigé vers la présentation. Les pratiques scéniques d'aujourd'hui sont multiples, dans leurs factures, leurs dynamiques et même dans leur absence d'intentions imposées.
Le dossier de ce numéro est la cinquième livraison des « États de la scène actuelle » qui reviennent tous les deux ans sur des spectacles et, plus largement, certaines pratiques qui font sens, événements ou symptômes dans l'actualité théâtrale de la période.
Le dossier s'ouvre par une rencontre avec la comédienne Valérie Dréville et se termine par une interrogation sur l'art tel qu'il se transmet, adressée à neuf artistes à la tête d'écoles supérieures de théâtre. Ce numéro comprend, en outre, un entretien avec le metteur en scène chinois Meng Jinghui.
Le spectacle Sopro (Souffle), mis en scène par l'auteur a obtenu le Prix « Globo de Ouro » en mai 2018 au Portugal.
Et quand il souffla, cette phrase ne voulut rien dire, « la destruction va leur courir sur les talons ». Ce n'était même pas une phrase, rien qu'une série de sons collés les uns aux autres. C'était un long mot susurré. « La destruction va leur courir sur les talons. » Mais lorsque l'acteur qui jouait le roi Henri prit la parole, « la destruction va leur courir sur les talons », alors cette phrase voulut dire quelque chose, « la destruction va leur courir sur les talons ». Quand cela est arrivé, j'ai senti le plateau brûler sous le bout de mes doigts.
Souffle est une ode au métier de souffleur. Au gré des souvenirs de Cristina Vidal dont c'est la profession, l'auteur rend un hommage délicat au théâtre et à ceux qui le font.
Dans Sa façon de mourir, Tiago Rodrigues propose sa vision d'Anna Karénine et interroge l'acte de traduire : À quel point une langue influence-t-elle la perception d'une oeuvre ?
Sous le titre générique L'Histoire mondiale de ton âme, j'ai entrepris en 2016 la composition d'un grand ensemble dramatique, entièrement formé de pièces de trente minutes, en trois mouvements, pour trois acteurs.
À l'inverse de certains shows contemporains, ce vivarium théâtral expose une collection de présences intranquilles, hantées par l'inconsistance, la superfluité et l'oubli.
Peut-être s'agit-il ici de faire fuir tout système en optant pour une dramaturgie instable, dont je revendique l'irrégularité foncière : faire fuir ou déjouer les logiques formelles ; passer ex abrupto d'un registre à l'autre ; suspendre l'action en cours ; crever le tuyau des résolutions narratives ; brouiller les pistes, cultiver l'incertitude - superposition de scénarios contradictoires, jeux de reflets et miroirs déformants, incohérences ostensibles, coq-à-l'âne, changements d'adresse intempestifs...
Tracer la ligne, les lignes incertaines d'un rapport au monde hésitant, tant fantasmatique qu'objectif, velléitaire, dubitatif, incohérent, erratique, cafouilleux...
Enzo Cormann
J'allumerai des feux dans le monde mort avec le bois que nous aurons coupé ensemble le bouleau le hêtre le chêne le tremble nous ferons des feux tu te mettras nue comme on entre au sauna je verrai ton corps blanc dans la lumière je me mettrai à genoux et je dirai ma poésie Une maison dans les bois abrite quatre frères, ils sont bûcherons ou menuisiers. Il y a aussi Marie, la servante. C'est une fable, un poème animiste ou encore un rituel amoureux qui évoque le désir masculin virant à l'obsession et la puissance de la femme qui bouleverse les codes imposés par ces hommes.
Sismographe d'une génération à la dérive, Fracassés oscille entre rage de vivre, lutte et désespoir.
À Londres, trois jeunes gens, Ted, Danny et Charlotte se battent pour donner un sens à leur existence.
Solitude et sentiment d'aliénation s'adossent à des conditions de vie précaires et une morosité du quotidien.
Tous trois restent fortement éprouvés par la mort de leur ami Tony, survenue dix ans plus tôt.
Prisonniers de jobs insatisfaisants et de vies étriquées, ces quadragénaires sombrent dans une fuite en avant qui les absorbe et leur fait perdre la raison.
Le jour de l'anniversaire de la mort de Tony, ils décident de se retrouver le temps d'une soirée pour faire le bilan et se donner un nouvel élan.
Monologues intérieurs, scènes chorales, slams et scènes dialoguées au réalisme brut s'entremêlent avec un réalisme social des plus violents où les rêves de jeunesse se fracassent, les désillusions tournent en addictions.
Dans ce poème épique urbain, des vies modernes désenchantées sont revisitées par les mythes anciens et les dieux antiques. Kate Tempest célèbre l'humain trop humain des supermarchés, des rues, des bars et des open-space, entre poésie, rap et « spoken word ». Pour «Les nouveaux anciens», la rapeuse-poète a reçu en 2013 le prestigieux Prix de poésie Ted Hughes.
Traduit de l'anglais par D' De Kabal et Louise Bartlett.
Ce volume est le premier volet d'une étude chronologique aboutie de l'histoire de la pensée théâtrale (en 3 tomes) visant à explorer l'évolution du genre tragique, en passant par le théâtre moderne et la tragédie classique, avant la période postmoderne.
Un travail de recherche éclairant et novateur, dont ce premier tome pose les fondements.
En pleine nuit, Tilman et Josefi ne font irrupti on chez deux universitaires proches de la cinquantaine, Paul et Julia. Julia semble avoir invité le jeune couple - à l'insu de Paul. Est-ce une fête ? un mirage mental à la faveur de la nuit, entre cauchemar indéchiff rable et banale crise d'un couple qui tente de se réinventer ? Cett e surprenante visite devient rapidement le catalyseur de révélati ons inatt endues. Autour de la questi on de la maternité se cristallise leur diff érend. Une agressivité permanente point dans ces dialogues acérés, qui mett ent en scène les fi ssures d'un vernis social, en apparence sans aspérités, jusqu'au premier coup de poing porté.
L'iti néraire de Fabrice Melquiot est inti mement lié à celui de la maison, qui compte pas moins de 40 ti tres de l'auteur à son catalogue. À son insti gati on fut également créée la collecti on Jeunesse.
Cet ouvrage de la collecti on backstage (après celui consacré à Ostermeier) se présente comme un recueil d'entreti ens, donnant la parole à ce semeur de mots et d'histoires, ce créateur d'espaces et de rêveries, qu'est l'auteur des Bouli Miro. Une parole libre, vivante, qui fouille le passé, reconstruit et habite la litt érature comme un espace à réinventer sans cesse, qui raconte une oeuvre à travers une vie. Et inversement.
« Fabrice est un être d'écriture, d'insti tuti on, et de voyage. Saisir cet homme au carrefour de ces trois dimensions, c'est notre enjeu avec Marie-Amélie Robilliard (qui a déjà écrit sur Fabrice, a parti cipé à l'aventure de Reims, en tant que dramaturge de Demarcy-Mott a).
Il y a une structure : écrire / insti tuer / rencontrer.
Et il y a un ton, celui de Fabrice, sa langue, son lexique, son style, sa percepti on inti me des choses.
Pour moi, ce livre est précieux, essenti el. Il serait le premier témoignage d'une générati on d'auteurs, après celle des Minyana, Novarina, Renaude. » F. Vossier
Fable écologiste et apocalyptique, Quand viendra la vague est une comédie humaine aux allures de Jugement dernier.
Le déferlement d'une vague bouleverse l'écosystème d'une petite île et menace de frapper de plus belle. Avec humour, la pièce oscille entre jeu réaliste et fiction eschatologique. Qui survivra à la mystérieuse crue ? Qui « mérite » d'être sauvé ? Assis sur un rocher, Mateo et Letizia assistent à la montée des eaux et procèdent à la sélection des espèces.
A l'heure du règlement de comptes et de l'effondrement de leur monde, ces maîtres du jeu sauront-ils pardonner aux fantômes du passé et se libérer de leur insularité ?
Dans cette courte forme aux dialogues ciselés, Alice Zeniter s'intéresse à l'enfermement que représente le couple. Que signifie choisir quelqu'un ? Nul homme n'est une île.
Les chansons sont des compositions originales de Kate Tempest et Dan Carey, sur des paroles de Kate Tempest.
La présente édition propose les partitions originales des musiques de la pièce.
Cette pièce musicale se déroule entre les murs d'une prison pour femmes.
Chess chante dans sa cellule et agace les autres détenues. Quand Serena, sa codétenue et âme soeur, apprend sa mise en liberté conditionnelle, les deux femmes sont dévastées. Face à sa solitude, Chess se remémore sa vie, son crime, sa fille, sa blessure. Elle se met à composer sur une boîte Février 2020 - 07/02/2020 - 96 pages - 11,6 cm x 18,7 cm - 13 € ISBN : 978-2-85181-966-6 à rythmes apportée par Silver, une productrice au passé sombre, qui anime des ateliers en prison. Chess compose des chansons pour dompter son passé, sans penser qu'il puisse la rattraper un jour...
Cette partition aux échanges acérés, en équilibre entre drame et comédie, rappelle l'atmosphère de la série « Orange Is The New Black », diffusée entre 2013 et 2019 sur Netflix.
Ce recueil se compose de 7 pièces ( 2 x 2 ; Sister SonJi ; But How Do It Free Us ; MalcomMan Don't Live ; Dirty Hearts ; I'm Black When I'm Singing ;
Prochain arrêt le Bronx) dont la période d'écriture s'étend sur quatre décennies, des années 60 à aujourd'hui.
Léonora Miano propose dans ce recueil des écrits d'une grande musicalité à la composition graphique libre, parfois proche du calligramme. Il comprend : « La question blanche », « Le fond des choses » et « La fin des fins ».
Rythmée de beats musicaux, sa langue fait s'élever une injonction vibrante à la paix. Elle aborde les questions d'assignation sociale et raciale, la façon dont la couleur de peau constitue un problème dans le regard de celui qui dit l'autre noir, de même que l'immigration, autrefois économique sur le sol français, est aujourd'hui perçue comme une menace et alimente les discours identitaires et fascistes.
Ces trois textes sont à lire comme les partitions
Récit choral au coeur de l'Algérie contemporaine, Gratte-ciel est une traversée à plusieurs voix d'une ville contre-utopique et vibrante d'éclats, dans le projet architectural fantasmé par Le Corbusier en 1933. Sa maquette du « Plan Obus », corrigeant le plan d'Alger, devient support à l'architecture du récit. Ville fantôme de la colonisation moderne et symbole de domination sous couvert d'utopie, elle se fait tremplin d'un rêve d'émancipation, d'un fol espoir de modernité, entre guerre de la libération, affrontements de la « décennie noire » et courses-poursuites. Puissante motrice d'espoir et support de mémoires, elle est le porte-voix d'une jeunesse sur les toits ou sous les balles, la tête dressée vers le ciel.
Dans ce récit grondant d'oralités, rythmé de pulsations et de respirations,