Aujourd'hui, en Europe, le jaune est une couleur discrète, peu présente dans la vie quotidienne et guère sollicitée dans le monde des symboles. Il n'en a pas toujours été ainsi. Les peuples de l'Antiquité voyaient en lui une couleur presque sacrée, celle de la lumière, de la chaleur, de la richesse et de la prospérité. Les Grecs et les Romains lui accordaient une place importante dans les rituels religieux, tandis que les Celtes et les Germains l'associaient à l'or et à l'immortalité. Le déclin du jaune date du Moyen Âge qui en a fait une couleur ambivalente. D'un côté le mauvais jaune, celui de la bile amère et du soufre démoniaque (signe de mensonge, d'avarice, de félonie, parfois de maladie ou de folie). C'est la couleur des hypocrites, des chevaliers félons, de Judas et de la Synagogue. L'étoile jaune de sinistre mémoire trouve ici ses lointaines racines. Mais de l'autre côté il y a le bon jaune, celui de l'or, du miel et des blés mûrs (signe de pouvoir, de joie, d'abondance). À partir du XVIe siècle, la place du jaune dans la culture matérielle ne cesse de reculer. La Réforme protestante puis la Contre-Réforme catholique et enfin les « valeurs bourgeoises » du XIXe siècle le tiennent en peu d'estime. Même si la science le range au nombre des couleurs primaires, il ne se revalorise guère et sa symbolique reste équivoque. De nos jours encore, le jaune verdâtre est ressenti comme désagréable ou dangereux ; il porte en lui quelque chose de maladif ou de toxique. Inversement, le jaune qui se rapproche de l'orangé est joyeux, sain, tonique, bienfaisant, à l'image des fruits de cette couleur et des vitamines qu'ils sont censés contenir.
En l'état est un travail évolutif, un work in progress, commencé le 13 juillet 1999. Depuis cette date, la pratique photographique de l'artiste Franck Gérard a radicalement changé : l'image est devenue un acte vital, incessant, et les milliers de photographies accumulées sont venues constituer un état du voir le monde, posant également un état du monde. La notion de l'abondance, du trop plein d'images affirme une présence au monde fondée dans la perception.
A travers une observation aussi méthodique qu'hasardeuse du réel, liée à la déambulation de l'artiste dans l'espace public, Franck Gérard capte des situations, sans apriori ni préalable : offrant juste "ce qu'il voit".
Trente-sept ans apre`s sa mort suite a` une fulgurante carrie`re, Bob Marley reste une figure incontournable et des plus influentes. Ses chansons figurent toujours parmi les plus diffuse?es et ses disques parmi les plus vendus au monde. Son aura ne cesse de captiver les nouvelles ge?ne?- rations. Rarement un chanteur a su incarner à la fois la souffrance des plus démunis et l'espérance d'une vie meilleure. Rarement des chansons telles que Get Up Stand Up, No Woman, No Cry, etc., auront été adoptées par autant de gens différents comme hymnes d'un combat visant à s'ar- racher à une condition intolérable. Pour comprendre ce phénomène unique dans l'histoire de la musique, Francis Dordor replonge dans la genèse du personnage, remonte le cours du temps. Nous suivons avec l'auteur le parcours de ce gamin perdu - rejeton d'un colon blanc et une petite paysanne noire - qui va le conduire des ruelles infâmes du ghetto jusqu'à la cime d'une gloire universelle. Il s'y hissera poussé par la force mystique du reggae, en véritable prophète rastafari. Francis Dordor nous conte cette vie qui ressemble à un voyage inouï, à une odyssée sans équivalent. Car pour l'auteur, Bob Marley mérite aujourd'hui d'être revisité comme on revisite les trajectoires d'Ulysse ou de Robin des Bois, héros anciens, devenus mythes. Bob Marley partage avec eux bien des similitudes. Comme eux, il a su insuffler ce courage et cette foi indispensables aux combats, grands et petits, de la vie.
Rétrospective sur l'histoire de ce cinéma nantais à travers les archives et les souvenirs de ceux qui l'ont fréquenté, du fondateur, un forain venu s'installer près de la place Graslin au début du XXe siècle, à l'étudiant qui a découvert ses premiers films grâce aux Goûters de l'écran. L'album est illustré de nombreuses photographies qui témoignent des périodes sombres comme des plus heureuses.
Chanteur halluciné pour initiés mais connu du grand public, acteur césarisé, collaborateur des rappeurs, Philippe Katerine est devenu incontournable ces 15 dernières années sans jamais ne rien perdre de son authenticité. Il n'a pas eu à s'adapter à son public car, progressivement, c'est son public qui s'est adapté à lui. Qu'est-ce qui a fait que Philippe Blanchard, jeune vendéen à la timidité maladive, qui dessinait des Jésus en érection pendant les cours et se faisait appeler Poubelle , se mette à composer un disque, en 1992, sous le pseudonyme de Katerine ? De ses débuts dans la Nouvelle chanson française, à la reconnaissance du public avec son tube « Luxor, j'adore » en 2005, Katerine se raconte à Thierry Jourdain dans cette biographie passionnante et décalée.
À travers une sélection d'oeuvres du Fonds Jean-Jacques Lebel (créé en 2013), ce projet propose de regarder cet ensemble unique en son genre, construit depuis les années 1950 au fur et à mesure de rencontres et de collaborations transculturelles et intergénérationnelles. Il comprend plus de mille oeuvres de toutes époques, de tous continents, dont la mise en dialogue propose une vision du monde, une histoire des regards, des révoltes, des passions, des utopies d'hier et d'aujourd'hui.
Fruit de dons d'artistes, d'échanges avec des créateurs amis, de choix de Jean-Jacques Lebel, le Fonds fonctionne comme un potlatch. C'est un tout cohérent, sans hiérarchie, pluridisciplinaire, ouvert et en devenir.
Dans le fonds il y a des phares : Marcel Duchamp, Francis Picabia, Antonin Artaud, Victor Hugo dessinateur, ou bien Stéphane Mallarmé, tous représentés par des oeuvres majeures qui sont autant de jalons de nos histoires de l'art. L'ensemble met à mal les classifications généralement admises. Il s'agit de remettre en jeu et en mouvement des pensées artistiques divergentes rendant visible des artistes non visibles. Le Fonds est olycentrique et international, il propose une nouvelle géographie mentale, bref, des rhizomes.
L'Exposition réunira un ensemble de 200 oeuvres environ.
«Madame Yvonne», photographe ambulante, a sillonné le Trégor rural sur son vélo pendant plus cinquante ans. De 1902 à 1952, elle est allée photographier sur demande les enfants, les familles, les mariages, les battages, les fêtes, les communions, les soldats, les morts, les jeunes et les vieux. Née en 1878, Yvonne Kerdudo est montée à Paris dès l´âge de 15 ans pour travailler. À travers différentes rencontres elle est venue à la photographie et a été formée par les frères Lumière dans les premières années du siècle. Revenue sur son territoire de naissance aux alentours de 1908, elle s´est installée à son compte et a travaillé jusqu´en 1952, deux ans avant son décès en 1954. Figure emblématique du canton, «?Madame Yvonne?» est connue de tous les anciens et ses clichés sont encore exposés dans les salles à manger familiales autour de Plouaret. En 2005, une de ses petites-nièces, en possession de ses archives, nous a contactés. La Compagnie Papier Théâtre a acquis le fonds photographique.
Depuis les années 50, Monsieur Hulot est un personnage qui s'est définitivement inscrit dans la mémoire populaire ; et son créateur, Jacques Tati, fait désormais partie du panthéon des cinéastes de renommée mondiale. L'oeuvre de Jacques Tati a inspiré et marqué des créateurs au-delà des époques et des genres. David Merveille est un de ceux-ci. Mieux, il est le seul illustrateur adoubé par les ayant-droits de Tati. Destinés à la jeunesse, ses livres (« Monsieur Hulot à la plage », « Hello Monsieur Hulot », « Le Jacquot de Monsieur Hulot »...) sont dévorés par les parents. David Merveille permet à M. Hulot de parcourir des époques et des espaces nouveaux, tout en respectant l'univers initial.
Le livre « Tati par Merveille » recueille le meilleur de son travail et, surtout, une multitude de dessins inédits.
Merveille a compris que Tati est un acteur avec un grand A, dont le corps fait apparaître une ribambelle d'émotions. Illustrateur talentueux, il affiche un goût pour les images graphiques et colorées. Nourri à la ligne claire, ce Bruxellois ne jure que par la lisibilité.
La centaine d'illustrations (fusains, pastels, gouaches et collages) qui composent ce nouveau volume de la collection « Square » sont autant de clins d'oeil à Jacques Tati. Par des jeux graphiques, des références cinématographiques ou littéraires, et des clins d'oeil au monde actuel, l'illustrateur nous montre combien Hulot est à la fois décalé et toujours d'actualité !
De la pâtisserie à l'usine ultra-moderne, la marque Lefèvre-Utile n'a cessé - grâce au talent visionnaire de ses dirigeants sur quatre générations ! - d'être à l'avant-garde industrielle, tant pour sa production de biscuits, dont les célèbres Petit-Beurre ou Paille d'Or, que pour son marketing innovant. L'auteur nous dévoile au fil des pages, grâce à une riche iconographie, la singularité toute particulière de cette saga familiale, qui illustre brillamment l'épopée industrielle française du Second Empire aux années 1980, où les arts et le design intègrent plus fortement le monde des entreprises, au service de la réclame.
"La mer est ton miroir", écrivait Baudelaire dans l'un des poèmes les plus connus des Fleurs du mal. De l'Antiquité jusqu'à nos jours, la mer a passionné les hommes et inspiré les plus grands artistes et écrivains. Elle offre le mystère d'une profondeur abyssale et d'une surface apparemment infinie, où se déploient les magnifiques ou terrifiants spectacles de la nature. Elle ryhtme aussi l'existence des gens de mer, capitaines ou marins, corsaires ou pêcheurs, passagers enthousiastes ou méditatifs, tous pris par l'ivresse du départ. La mer est un espace d'explorations et d'aventures, riche d'un imaginaire inépuisable qui n'a cessé de susciter les oeuvres les plus admirables.
Principe de vie et de mort, origine du monde liée à la naissance de Vénus ou puissance terrifiante placée sous le pouvoir de Neptune, la mer est un espace d'explorations et d'aventures, riche d'un imaginaire inépuisable qui n'a cessé de susciter les oeuvres les plus admirables.
Né en 1977, Adrian Ghenie vit et travaille à Berlin et est un des artistes les plus cotés du moment sur le marché de l'art. Depuis une dizaine d'années, sa peinture se déploie à travers un extraordinaire déchaînement chromatique qui, entre figuration et abstraction, invente des formes nouvelles - inspirées par Francis Bacon ou Gerhard Richter - en les déplaçant sur le terrain de l'histoire et du destin de l'espèce humaine en proie aux mutations génétiques. Cette enquête passionnée écrite par Yannick Haenel s'attache à décrire le processus d'une oeuvre à travers l'analyse des figures qui irradient ses tableaux. Est-il encore possible de faire de la peinture dans une époque qui se noie dans la saturation des flux d'images ? Est-il encore possible de peindre des visages après un siècle de propagande où le visage des tyrans a permis d'asseoir leur domination ? Qu'est-ce que la radicalité artistique ? Ce sont des questions que pose l'oeuvre d'Adrian Ghenie, et que ce livre aborde en une série de chapitres qui racontent une histoire : celle de la naissance d'une oeuvre, aujourd'hui. Les oeuvres d'Adrian Ghenie seront présentées à partir du 11 septembre 2019 à Beaubourg dans l'exposition "Bacon en toutes lettres".
Après Un autre regard sur la peinture - découvrir les symboles secrets des toiles de maîtres, paru l'an dernier et consacré aux plus grands maîtres de l'histoire de l'art, ce volume est axé sur Le maître absolu Léonard de Vinci, dont les oeuvres n'ont pas fini de livrer leurs mystères.
Des toiles d'autres artistes de l'époque, soigneusement choisies, apportent un éclairage contextuel à l'ensemble des peintures et dessins du maître. Le livre présente 75 oeuvres détaillées et décryptées.
Ce livre au design astucieux et innovant associe une page-fenêtre à chaque tableau, ne laissant apparaître que certains détails, permettant au lecteur de concentrer son attention sur les aspects particuliers et mystérieux de l'oeuvre.
De La Joconde à La Cène, en passant par La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne ou L'Adoration des Mages, la dimension symbolique des oeuvres est mise en exergue et leurs sens cachés enfin dévoilés.
Mais où sont passés les Indo-Européens ? On les a vus passer par ici, depuis les steppes de Russie, ou par là, depuis celles de Turquie. Certains les ont même vus venir du Grand Nord. Mais qui sont les Indo-Européens ? Nos ancêtres, en principe, à nous les Européens, un petit peuple conquérant qui, il y a des millénaires, aurait pris le contrôle de l'Europe et d'une partie de l'Asie jusqu'à l'Iran et l'Inde, partout où, aujourd'hui, on parle des langues indo-européennes (langues romanes comme le français, slaves comme le russe, germaniques comme l'allemand, et aussi indiennes, iraniennes, celtiques, baltes, sans compter l'arménien, l'albanais ou le grec). Et depuis que les Européens ont pris possession d'une grande partie du globe, c'est presque partout que l'on parle des langues indo-européennes - sauf là où règne l'arabe ou le chinois.
Mais les Indo-Européens ont-ils vraiment existé ? Est-ce une vérité scientifique, ou au contraire un mythe d'origine, celui des Européens, qui les dispenserait de devoir emprunter le leur aux Juifs, la Bible ?
Jean-Paul Demoule prétend dans ce livre iconoclaste s'attaquer à la racine du mythe, à sa construction obligée, à ses détournements aussi, comme la sinistre idéologie aryenne du nazisme, qui vit encore. Il montre que l'archéologie la plus moderne ne valide aucune des hypothèses proposées sur les routes de ces invasions présumées, pas plus que les données les plus récentes de la linguistique, de la biologie ou de la mythologie. Pour expliquer les ressemblances entre ces langues, d'autres modèles restent à construire, bien plus complexes, mais infiniment plus intéressants.
On croit avoir tout dit des acteurs de la Grande Guerre, son cortège de poilus, de femmes à l'arrière, de gueules cassées. Et pourtant il est un autre groupe, souvent négligé, qui fut durablement marqué par le conflit : les enfants. Qu'ils en aient été victimes, orphelins, occupés, blessés parfois, traumatisés ou même épargnés, ils portent sur cette période un regard singulier et méconnu.A l'appui de journaux intimes, de dessins, de correspondances et d'enquêtes orales, Manon Pignot part à la recherche de cette voix de l'enfance, jusque-là inouïe. Dans la lignée de la micro-histoire, elle tente une exploration de l'intime, qui se révèle riche d'enseignements sur le monde de l'enfance, bien sûr, mais aussi sur les adultes qui l'entourent : des éducateurs, des parents - et surtout des pères. Car avec l'éloignement et le danger, un sentiment paternel jusque-là plutôt sous-jacent éclate au grand jour - et ouvre un nouvel éventail de relations parentales qui gagneront en proximité et tendresse tout au long du XXe siècle.Avec finesse, Manon Pignot montre que la Grande Guerre contribua à faire émerger une véritable voix enfantine. Sans être uniforme, elle possède néanmoins une singularité qui permet de parler à son propos de la naissance d'une nouvelle " génération " - la première du XXe siècle. En repartant aux sources de l'enfance, c'est à une histoire inédite du siècle que s'essaie Manon Pignot.
Ce volume présente treize témoignages recueillis durant le printemps et l'été 2010 auprès de vétérans de la " Grande Guerre patriotique ", c'est-à-dire du conflit germano-soviétique, élevé au rang de mythe dans l'Union soviétique. En 1941, ces témoins étaient des citoyens ordinaires : des ouvriers, des lycéens, des étudiants, des Russes, des Juifs, un Géorgien... Un certain nombre appartenaient aux jeunesses communistes. Après guerre, quelques-uns ont choisi la dissidence (Elena Bonner notamment), d'autres ont été marginalisés parce qu'ils étaient juifs, la majorité s'est réinsérée dans le système soviétique. Aujourd'hui, presque tous ont rompu avec le mythe de la Grande Guerre patriotique et sont parvenus à faire le tri entre la gloire et l'infamie, le massacre et le sacrifice, l'héroïsme et la survie. Leurs voix relatent des moments vécus qui ne cadrent pas avec la vulgate de la Grande Guerre patriotique : on y croise des collaborateurs, des délateurs désignant au bourreau leurs camarades juifs. On y trouve confirmation que les viols de masse s'accomplissaient avec la complicité de l'encadrement et que l'irresponsabilité, l'alcoolisme et le mépris de la vie du soldat écornent l'image d'un peuple héros.Document tout autant que livre d'histoire, cet ouvrage n'a pas d'équivalent en langue française.
Jean Lopez est l'un des meilleurs spécialistes français du conflit germano-soviétique et l'auteur de plusieurs ouvrages d'histoire militaire. Dernier livre publié : Berlin. Les offensives géantes de l'Armée Rouge (Economica, 2009).Lasha Otkhmezuri est géorgien. Dernier livre paru (en collaboration) : Les Cicatrices des nations. L'Europe malade de ses frontières (François Bourin, 2008).
" Aventurier de génie - qui savait se faire diplomate, financier, joueur, escroc ou magicien-, s'évadant des Plombs, la lugubre prison de Venise, s'introduisant auprès des grands de toutes les cours européennes, discutant avec Voltaire, Giacomo Girolamo Casanova eut un destin hors du commun. L'exposition que la BNF lui consacre est organisée autour du manuscrit mythique de l'Histoire de ma vie, qu'elle a récemment acquis : 3 700 pages d'une écriture régulière et serrée, rédigées en français de 1789 jusqu'à sa mort. Au fil d'une fresque haute en couleur, libre, audacieuse, insolente, qui s'étend de la naissance de Casanova à l'année 1774 et qui nous conduit en Italie, en France, en Allemagne, en Suisse, en Angleterre, en Espagne et même en Russie, resurgissent des femmes du monde, des actrices, des servantes, une religieuse, bientôt séduites par ce libertin libre-penseur à la vitalité surprernante.Outre des pages du manuscrit lui-même, reproduites en fac-similé dans un cahier central de l'ouvrage, ce beau livre présente 240 illustrations et plusieurs essais de spécialistes, historiens, conservateurs, chacun s'attachant à mettre en lumière les différentes facettes de ce personnage qui, avec une certaine idée du bonheur, traverse à sa manière le XVIIIe siècle des Lumières.
" La direction de cet ouvrage est assurée par les commissaires de l'exposition, Marie-Laure Prévost - conservateur général au Département des manuscrits de la BNF et chef du Service des manuscrits modernes et contemporains - et Chantal Thomas, essayiste, romancière, auteur de pièces de théâtre et de nouvelles, directrice de recherches honoraire au CNRS. Spécialiste du XVIIIe siècle, elle a écrit sur Sade, Casanova, Marie-Antoinette, les salons.A leurs contributions viennent s'ajouter celles de dix autres auteurs.
Depuis sa thèse sur Les Paysans du Languedoc (1966), jusqu'à sa monumentale Histoire des paysans français publiée au Seuil en 2002, en passant par l'Histoire de la France rurale, Emmanuel Le Roy Ladurie est le grand historien du monde paysan de l'Ancien Régime.
Déclenchée dans un contexte de ruée vers l'or et le diamant, la guerre anglo-boer est singulière à bien des égards. Aux origines de l'Apartheid, elle oppose le puissant Empire britannique aux deux petites républiques boers. Ce conflit asymétrique, largement médiatisé, évolue très vite en guérilla. Camps de concentration, déplacements de population, terreur contre les civils, usage du gaz, famine : aucun moyen n'est épargné pour soumettre les descendants des premiers colons néerlandais d'Afrique du Sud.
Dans ce livre couronné de prix, Martin Bossenbroek donne toute son ampleur à ce conflit inaugural des tragédies du XXe siècle et restitue, avec un réel talent littéraire, les espoirs et le désespoir de tous ceux qui ont pris part au conflit, combattants ou simples civils - voire les deux à la fois. Il met ses pas dans ceux de trois acteurs du conflit - le diplomate et juriste Hollandais William Leyds, au service de la république blanche du Transvaal, un correspondant de guerre britannique quelque peu remuant qui n'est autre que Winston Churchill et le jeune soldat boer Deneys Reitz - et suit au plus près leur destin pour livrer un récit aux allures d'épopée.
En déclarant la mort de la nature, nombreux sont ceux qui voient dans l'Anthropocène l'opportunité de prendre enfin les commandes d'un système-terre entièrement modelé par les humains.
À rebours de cet appel au pilotage global, Virginie Maris réhabilite l'idée de nature et défend la préservation du monde sauvage. Elle revisite pour cela les attributs de la nature que les fantasmes prométhéens du contrôle total s'appliquent à nier : son extériorité, en repensant la frontière entre nature et culture ; son altérité, en reconnaissant la façon dont les non-humains constituent leurs mondes tout comme nous constituons le nôtre ; et enfin son autonomie, en se donnant les moyens de respecter et de valoriser ces mondes multiples.
L'auteure invite à remettre au coeur de la réflexion sur la crise environnementale la nécessité de limiter l'emprise humaine sur la planète, en redonnant toute sa place au respect de cette nature indocile qui peuple nos paysages, nos imaginaires, et qui constitue finalement l'autre face de notre humanité.
Dans ce bref pamphlet, Hans Magnus Enzensberger s'attaque frontalement à l'Europe.
Une provocation supplémentaire de la part de cet Européen convaincu ? Non, un cri d'alarme contre la bureaucratie bruxelloise qui, sous prétexte d'harmoniser, détruit peu à peu l'idéal qui a présidé à la construction de l'Union. Absence de démocratie flagrante, organismes innombrables, langue sclérosée, l'Europe, Enzensberger en est convaincu, travaille aujourd'hui à sa perte. Une contribution argumentée et mordante au débat sur l'avenir de l'Europe.
Reflet de la cartographie littéraire de Le Clézio, l'exposition "Le musée monde" propose une rencontre inédite entre des oeuvres de cultures différentes.
De même que pour Malraux, pour Le Clézio, il n'y a pas de "hiérarchie en art". Ainsi, partant de ce postulat, l'exposition réunit un ensemble d'oeuvres aussi diverses que des peintures historiques, des gravures révolutionnaires, des tableaux haïtiens, des nattes du Vanuatu, des objets vaudous, des ex-voto mexicains, des oeuvres à caractère ethnographique venant de différentes civilisations et des oeuvres contemporaines, transcendant ainsi les frontières temporelles et géographiques, pour présenter sur le même plan art et artisanat, art ancien et art vivant, art populaire et art savant.
Ce "pas de côté" par rapport au périmètre traditionnel du musée, proposé par l'écrivain, puise ses origines dans l'histoire des collections du Louvre.
L'occasion est ainsi donnée d'évoquer le premier Musée ethnographique et celui des Amériques, qui faisaient partie du musée de la Marine, et dont les collections appartiennent désormais au musée du quai Branly. Dirigé par Marie-Laure Bernadac, le catalogue de l'exposition présente un essai inédit de J.M.G.
Le Clézio, grand invité du Louvre en novembre 2011 sur le thème : "Les musées sont des mondes", et se fait l'écho de cette narration insolite, à travers les contributions de spécialistes et d'historiens de l'art.
«À plusieurs reprises, on s'est déjà intéressé aux jeux de l'ombre et de la lumière chez Victor Hugo comme à son activité graphique indissociable du noir de l'encre. Mais a-t-on mesuré quelle puissance génératrice a chez lui l'obscur, qui semble l'équivalent d'une énergie noire tout aussi déterminante dans ses écrits que dans ses dessins? Jusqu'à lester l'une et l'autre d'une gravité inédite qui les travaille pareillement de l'intérieur. D'où ce que j'appelle les arcs-en-ciel du noir, dont l'idée m'est venue lors d'une invitation à faire une exposition à la Maison de Victor Hugo. Reflétant le parcours de cette exposition, ce livre a pour objet de faire apparaître comment, chez Victor Hugo, cette énergie noire irradie dans tous les domaines pour y déployer, à travers autant de répliques souterraines de l'arc-en-ciel, une force de transfiguration à l'origine de cette énormité poétique qui n'a pas fini de nous sidérer.» Annie Le Brun.
«Depuis toujours dans l'histoire de l'humanité, quand les noeuds de la civilisation sont devenus si serrés qu'ils ne laissent plus passer le sang de la Vie, un Barbare arrive avec une hache et dit : "ça suffit". Soulages est ce barbare éclairé qui fait table rase de tout pour retrouver l'essentiel. Dans cet Occident qui valorise les images au détriment des personnes, comment n'être pas fasciné par les présences anthracites du seul prophète de toute l'histoire de la peinture?» Lydie Dattas.
En janvier 1954, un jeune critique nommé François Truffaut publie dans les Cahiers du cinéma un violent pamphlet qui dénonce la «tradition de qualité française» et préfigure la Nouvelle Vague. Le retentissement est tel qu'il déchaîne contre lui la jalousie virulente de nombreux confrères, mais lui ouvre les portes de l'hebdomadaire Arts-Spectacles. Truffaut y publiera plus de cinq cents articles en cinq ans. Une critique directe et sans concession, inédite dans la presse d'alors:«Pour la première fois, au lieu de dire:C'est bon! C'est mauvais! j'ai commencé à essayer d'imaginer comment ça aurait pu être bon ou pourquoi c'était mauvais.» Truffaut y pilonne les institutions et les professions du cinéma (festivals, syndicats, production...), fomente des polémiques qui resteront célèbres (Delannoy, Autant-Lara...), dresse un portrait de ses acteurs et réalisateurs de prédilection (Marilyn Monroe, James Dean, Hitchcock, Lang, Hawks, Guitry, Ophuls, Renoir...) et défend les aspirations d'une nouvelle génération (Varda, Rivette, Vadim, Bresson...). Il cultive ses goûts, affiche ses dégoûts, et le temps lui donnera souvent raison... Pour Truffaut, écrire sur le cinéma n'est qu'un viatique. Dès août 1957, il s'éloigne de la critique en réalisant Les Mistons et ses derniers articles évoquent déjà le regard d'un cinéaste...